Comme je la conseillais à quelqu’un, je reviens sur l’excellente série “Years and Years” de Russel T. Davies (avec, entre-autres, une Emma Thompson qui campe une politicienne britannique dont le populisme rance autant que la chevelure peroxydée rappellent Marine Lepen, Donald Trump ou Boris Johnson).
Si vous ne speaker pas l’anglais et que vous avez l’habitude de regarder les films/séries en version française, je ne peux que vous le déconseiller dans ce cas-ci (comme dans beaucoup d’autres d’ailleurs), les accents ne peuvent être « doublés/imités » et ils sont vraiment importants.
Je ne suis pas fan pas trop séries qui présentent des « destins familiaux », et “Years and Years” est souvent présentée comme cela, puisque l’on suit effectivement une famille sur une quinzaine d’années. Or, c’est plutôt la lente, insensible et tout à fait réaliste déliquescence d’une société que la série nous propose, de ses cadres et de ses valeurs. Et en fait pas si lente que ça (15 années, c’est plutôt court pour mettre à bas, tous les droits qui ont pris des siècles à être acquis), mais juste assez lente que pour nous laisser le temps de nous y habituer, de nous insensibiliser jusqu’à ce qu’on trouve la situation « normale », dans l’ordre des choses et qu’on ne se révolte pas/plus.
Léo Moser dans les Inrocks nous donnait 5 raisons de voir cette fresque atypique, plongée captivante explorant le déclin de la société occidentale dépeignant un paysage dystopique allant du présent à un futur très proche complètement différent et plausible.
Voici résumés, les cinq points que Léo Moser explique plus longuement dans son article :
Chronique anxiogène du Royaume-Uni post-Brexit: La série offre un regard sur l’impact du Brexit sur la famille Lyons et l’ensemble du pays. Elle met en scène les conséquences politiques, économiques et sociales du Brexit, parallèlement à l’émergence d’une figure politique rappelant des leaders d’extrême droite contemporains.
Mêle grande et petite histoire: En intégrant les événements historiques à la vie des personnages, la série examine comment le Brexit affecte chaque membre de la famille différemment, de la perte financière à la promesse de changement social, et explore les conséquences de la politique d’immigration.
Exploration des angoisses contemporaines dans un futur proche: Similaire à « 1984 » de George Orwell, « Years and Years » crée un futur dystopique en extrapolant les inquiétudes actuelles telles que la crise des migrants, le réchauffement climatique et la montée de l’extrême droite.
Saison 5 de Black Mirror attendue: La série est comparée à « Black Mirror » pour sa capacité à anticiper les dérives technologiques. Elle met en lumière l’utilisation intrusive des nouvelles technologies et explore même le concept de transhumanisme, avertissant des dangers potentiels liés à une dépendance excessive à la technologie.
Grande saga familiale en 6 épisodes: Malgré sa courte durée, la série réussit à dépeindre de manière efficace et émouvante le déclin de la société à travers les membres de la famille Lyons sur plusieurs années, évitant la complexité narrative souvent associée à ce type de sauts temporels.
Dans le journal Le Monde, Renaud Machart titre « Years and Years : quinze années de futur décomposé » et termine son article en disant : « Le propos alarmiste de cette série catastrophe et familiale – qui tient autant de This Is Us, de Here and Now que de Black Mirror – frôle parfois la caricature, mais évite le ridicule, car traité sur un mode pseudo-documentaire, dont on espère que la vraisemblance glaçante restera du domaine du cauchemar ».